Outre l’âge (de 18 à 29 ans) et le sexe (masculin), les jeunes qui séjournent à l’Auberge du coeur le Tournant ont ceci en commun qu’ils sont sans domicile fixe, c’est-à-dire sans abri.
En fait, la plupart de ces jeunes sont sans abri de façon cyclique. Les circonstances de leur vie font en sorte que, plus ou moins fréquemment selon les cas, ils se retrouvent à la rue. Ils n’ont pas encore rejoint les rangs des itinérants chroniques, mais leur situation est hautement préoccupante.
Derrière chacun des milliers de jeunes accueillis par l’Auberge du coeur le Tournant, il y a une histoire. Une histoire le plus souvent extrêmement douloureuse. Cassures familiales, violence, abus, abandon, toxicomanie ou alcoolisme du jeune ou de ses parents, placements répétés en centre d’accueil, toutes ces situations représentent des chapitres fréquemment lus lors de l’accueil des jeunes.
Ainsi, au moment où ces jeunes devraient commencer à se tailler une place dans le monde adulte, leur héritage socio-économique et psychologique, conjugué à un contexte de mutations sociales (famille, école et emploi), les pousse vers la marge. Cette situation de rupture a pour corollaires la pauvreté, la solitude et le mal de vivre. Au total, ils se sentent exclus et cultivent parfois l’exclusion comme un bras d’honneur lancé à cette société qui semble leur refuser une place. La famille, l’école, le travail, ils n’en sont pas, ils n’en sont plus. Et pourtant, ils en rêvent!